Mes témoignages sur le Professeur Oumar SANKHARE, agrégé en Lettres Classiques et en Grammaire

Publié le 30 Avril 2016

Mes témoignages sur le Professeur Oumar SANKHARE, agrégé en Lettres Classiques et en Grammaire

Bip, bip !! C’est mon téléphone portable qui sonne. Un message me parvint. L’éminent Professeur Oumar SANKHARE a vécu.

Je retiens mon souffle, Professeur Oumar SANKHARE est parti, « dans cette contrée ignorée dont nul voyageur ne revient »1 comme le disait SHAKESPEARE. Et pourtant, Allah n’était pas obligé de nous l’enlever me dira peut-être Ahmadou KOUROUMA. Mais « Nul n'a de chance de se dérober à la mort »2 nous dit EURIPIDE.

Sankos, comme nous aimions l’appeler, lui classique un jour, classique à jamais, nous a quittés, sa plume s’est cassée à jamais, il gît désormais au cimetière Madoki de Grand-Thiès.

SANKHARE, je me rappelle.

Il m’est difficile de parler de lui au passé car mon cœur ne peut supporter cette tristesse. L’homme au physique de gladiateur qui aimait rigoler aux éclats s’est éteint un certain 26 octobre 2015 à son domicile. Il était un professeur amoureux de son métier, très rigoureux qui tient à l’ordre et à la discipline. Doté d’un savoir incommensurable, dépositaire de toute la science gréco-romaine, le professeur, a une générosité intellectuelle légendaire car il a encadré bon nombre d’étudiants en leur prodiguant un savoir intellectuel qui ne va jamais s’éclipser.

L’homme aux œuvres considérables, Senghorien, pur et dur ; fidèle et serviable. Une fois après son agrégation en grammaire en France, contre toute proposition, il a préféré retourner au pays pour le servir car le contraire serait « injurier mon pays qui a tant investi pour ma formation »3 disait-il.

Je m’accorde avec Victor HUGO que « tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis »4 car dans mes cogitations diurnes et nocturnes, vous êtes toujours présent Professeur. Fasciné par son humilité et sa simplicité et son accessibilité, je me souviens encore de ce jour où je lui ai proposé de corriger ma nouvelle une fois que ça serait fini. Il m’a répondu d’un OUI si affirmatif que je peine encore à le décrire.

Désormais, c’est avec douceur et plein d’amour qu’on pensera de vous. SENEQUE nous a fait savoir que « toute la vie n’est qu’un voyage vers la mort »5 et que nous devrions être forts parce que « ce qui compte, ce ne sont pas les années qu’il y a eu dans la vie. C’est la vie qu’il y a eu dans les années » nous rappelle Abraham LINCOLN.

À tout seigneur tout honneur, je vous remercie pour m’avoir fait part du peu qu’il soit de votre savoir encyclopédique. Le Sénégal a perdu un haut diplômé ; un enseignant de sa trempe « y a pas son deux » dixit les ivoiriens.

Sit terra tibi levis. Ad maiorem Dei gloriam.

[Que la terre te soit légère. Pour la plus grande gloire de Dieu]

J'adresse à votre famille, à vos proches, à vos parents, à vos amis, à vos collègues et à vos étudiants toutes mes condoléances les plus émues.

De la part de votre étudiant Mathieu Patrick MENDY.

  1. Shakespeare, Hamlet, Acte III, Scène 1
  2. Euripide, Hercule Furieux, Ve siècle avant J.C.
  3. Dans le quotidien Walfadjri du 10 août 2011
  4. Victor HUGO, préface des contemplations
  5. Sénèque, Lettres à Lucilius

Rédigé par Mathieu Patrick MENDY

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